Un peu de méthodologie ou comment je m’y prends pour alimenter ce site

Nous avons tous (oui, absolument tous !) des biais cognitifs auxquels il faut faire très attention. Plusieurs biais me semblent particulièrement présents dans le cas de la parentalité :

  • l’erreur fondamentale d’attribution. C’est notre tendance à accorder une importance causale disproportionnée à un individu ou à ses caractéristiques intrinsèques (personnalité, connaissances, opinions, etc.) pour expliquer une situation. Cela va se faire au détriment de tous les facteurs externes (contexte, histoire, culture, institutions, etc.) et développementaux qui sont pourtant tout aussi déterminants. Ainsi, face à un défi parental, même si l’adulte ou l’enfant peut avoir sa part de responsabilité, il convient toujours de prendre du recul et d’analyser tous les facteurs en jeu ayant pu conduire à la situation rencontrée (par exemple, l’environnement physique et social, la présence ou l’absence des services éducatifs, culturels et sociaux et les ressources dont ils disposent, l’histoire familiale, la culture et les institutions environnantes, etc.). Cette approche systémique permet de résoudre le problème sur un plus long terme tout en restant compréhensif envers l’enfant, envers soi-même et envers les autres personnes concernées ;
  • l’effet Dunning-Kruger1. C’est notre tendance à surestimer nos connaissances et nos compétences. Surtout dans le domaine de la parentalité, si la majorité des parents pensent être meilleurs que la moyenne, on sait que c’est mathématiquement impossible. Il peut donc être intéressant une fois de plus de se forcer à rester modeste et indulgent avec soi-même, et avec les autres parents ;
  • le biais de confirmation2. C’est le biais qui consiste à privilégier les informations confirmant nos idées préconçues et/ou à accorder moins de poids aux informations qui ne vont pas dans le sens de nos idées. Il faut donc rester vigilant face à une nouvelle information et se forcer à être aussi neutre et objectif que possible ; 
  • confondre corrélation et causalité. Ce n’est pas parce que deux évènements se produisent au même moment que l’un est forcément la cause de l’autre. Par exemple, ce n’est pas parce que l’enfant fait ses premiers pas après s’être fait vacciner que cela signifie nécessairement que les vaccins ont facilité son développement moteur. De la même manière, ce n’est pas parce que les premiers signes de l’autisme apparaissent pendant la période où l’enfant reçoit la plupart de ses vaccins que cela signifie nécessairement que les vaccins ont causé la maladie. Cela étant dit, une corrélation peut quand même être utile, car elle peut parfois indiquer une causalité possible et encourager la formulation d’hypothèses qui pourront être ensuite validées ou réfutées expérimentalement ;
  • généraliser des anecdotes ou des expériences personnelles. Les anecdotes personnelles ont souvent des effets captivants sur l’auditoire. Malheureusement, ce sont des sources assez peu fiables. Elles peuvent être facilement enjolivées ou modifiées, et ce n’est pas parce que quelque chose vous concerne que cela concernera aussi les autres. De même, ce n’est pas parce que quelque chose ne vous concerne pas que cela n’est pas pertinent pour les autres ;
  • le biais de prestige et l’argument d'autorité. On a tendance à accorder plus d'attention et plus de poids aux informations provenant de personnes charismatiques ou possédant un statut social important. Or elles peuvent se tromper aussi.

Comment s’en sortir ? Réponse : la méthode scientifique !

Pour pallier cela, les connaissances les plus fiables dont on dispose aujourd’hui sur les questions de santé et d’éducation ont été obtenues grâce à la méthode scientifique. Mais pour faire de la bonne science, il faut beaucoup d’expériences, d’études, de temps et de chercheurs. Les découvertes issues des différentes études sont publiées dans des revues scientifiques. C’est principalement comme ça que la connaissance progresse aujourd’hui. Une fois une étude publiée, elle pourra être vérifiée par les autres chercheurs qui pourront ensuite poursuivre leurs travaux sur cette nouvelle base.

Ce qui différence une revue scientifique d’un autre type de revue, c’est le processus de relecture par les pairs. En bref, une fois que le chercheur envoie son article, si l’éditeur de la revue le trouve potentiellement intéressant pour ses lecteurs, cet éditeur le fera suivre à plusieurs experts (entre deux et quatre en général). Ces chercheurs vont alors relire l’article, vérifier le cadre théorique l’ayant inspiré (notamment si le travail prend bien en compte la littérature scientifique déjà existante sur le sujet), la qualité de la méthodologie utilisée (notamment si elle peut être répliquée et si elle permet bien de répondre à la question posée), les analyses statistiques utilisées (notamment pour s’assurer que les résultats ne sont probablement pas dus au simple hasard), enfin que l’interprétation des données obtenues est raisonnable.

Les relecteurs sont des chercheurs qui font ce travail bénévolement mais très sérieusement, car ils savent bien que c’est toute la légitimité de leur champ de recherche qui repose sur ces relectures. Tout est fait anonymement pour être certain que l’objectivité de la relecture ne soit pas biaisée par les relations qu’entretiennent les chercheurs entre eux. S’ils ne rejettent pas l’article, les relecteurs peuvent demander des précisions, plus de données, d’autres types d’analyses ou considérer des explications alternatives pour les résultats obtenus. Si tout va bien, après plusieurs allers-retours avec l’auteur et l’éditeur, l’article finit par être accepté pour publication. En cas de désaccord entre les relecteurs, l’éditeur peut trancher ou bien demander son avis à un autre spécialiste du domaine.

Ce processus de relecture est un filtre pour s’assurer de la qualité des études qui sont publiées. Les études biaisées ou peu sérieuses, si elles passent la barrière de l’éditeur ne passeront que très difficilement celle de la relecture. Alors, si vous recherchez des informations scientifiques à la source pour vos questions de parents, assurez-vous que l’article que vous lisez a bien été publié dans des revues à comité de lecture. Toutefois, même une fois publiée, il reste plusieurs critères à prendre en compte pour mesurer à quel point une information scientifique est fiable :

  • Une étude unique n’a souvent que peu de valeur

Malgré le processus de relecture, une étude publiée peut contenir des erreurs, utiliser des méthodes biaisées ou mal interpréter ses résultats. Il est donc important de considérer plusieurs études abordant des questions similaires de différentes façons avant de pouvoir conclure. Si, par exemple, il n’existe qu’une ou deux études sur un sujet, il y a fort à parier que le consensus scientifique sur ce sujet est encore assez faible.

Mais même lorsqu’il y a consensus, il faut garder à l’esprit que la science est un processus dynamique et probabiliste. Il est donc toujours possible d’affûter des résultats ou de revoir des théories. Ce qu’on appelle « consensus scientifique » à un instant donné peut se traduire par « ce qui semble être le plus probable compte tenu des informations dont on dispose à cet instant ».

  • Certaines études sont beaucoup plus fiables que d’autres

Avec internet, taper quelques mots clés sur PubMed ou GoogleScholar vous donnera accès aux résumés de millions d’articles scientifiques (voire parfois l’article complet – mais la plupart du temps ils sont payants à moins d’être affilié à un institut de recherche). Comment choisir quel article donnera les informations les plus fiables ? On peut prendre en compte plusieurs critères :

  • Sur combien de sujets a porté l’étude (dix, cent, dix mille ?). En général, plus il y en a et plus les résultats de l’étude sont robustes et généralisables ;
  • est-ce que les résultats sont rapportés en valeur absolue (c’est-à-dire combien de personnes sont affectées par le phénomène étudié) ou en valeur relative (une comparaison entre deux valeurs absolues) ? Ce point est particulièrement important lorsqu’on est confronté à des affirmations spectaculaires. Par exemple, « tel produit double les risques de développer telle maladie ». Autrement dit, on aurait ici deux fois plus de chances de développer la maladie. Il s’agit là d’une valeur relative. Avant de paniquer, il est important d’avoir accès à la valeur absolue (qui n’est malheureusement pas toujours fournie). En effet, dans cet exemple, si le risque de développer la maladie est d’un sur un million, le produit en question fera passer le risque de développer la maladie à deux chances sur un million. Ce qui est déjà moins alarmant ;
  • garder son esprit critique face à un article. De grosses erreurs sont toujours possibles. Il est important de toujours se demander quels pourraient être les autres facteurs pouvant expliquer le résultat ; et de vérifier si les auteurs ont bien pris en compte ces facteurs dans leur design expérimental ou dans leur analyse statistique ;

  • de quel type d’étude s’agit-il ? Chaque type a ses avantages et ses inconvénients :
    1. Les revues de littérature scientifique

Très pratiques, ces articles se proposent de résumer toutes les études publiées sur un sujet ou une question spécifique. Les revues de littérature scientifique permettent donc d’avoir une bonne idée des points de consensus, des controverses et des perspectives de recherche au moment de leur publication. Il faut quand même rester vigilant sur qui sont les auteurs de l’article et sur les conflits d’intérêts potentiellement en jeu. Par exemple, une revue de littérature scientifique concernant les liens entre boissons gazeuses et obésité souligne que les revues de littérature scientifique réalisées par des chercheurs en conflit d’intérêts ont cinq fois plus de chances de conclure à une absence de lien entre les deux que celles réalisées par des chercheurs indépendants3.

  1. Les méta-analyses

Ces articles regroupent les données quantitatives existantes sur un sujet et réalisent une analyse statistique sur l’ensemble de ces données. En augmentant ainsi le nombre de cas, la conclusion est généralement plus fiable que celle provenant de chaque article pris séparément. Toutefois, il faut quand même rester vigilant ici aussi. D’une part, les revues scientifiques ont souvent tendance à publier davantage des expériences ayant obtenu un résultat positif que celles ayant obtenu un résultat négatif (biais de publication), ce qui peut amener à surestimer l’ampleur d’un phénomène. D’autre part, la qualité de la méta-analyse dépend directement de la qualité et du nombre d’études existantes et prises en compte (une méta-analyse analysant 10 études n’a pas la même fiabilité qu’une autre en analysant deux cents).

  1. Les essais randomisés contrôlés

L’essai randomisé contrôlé est le test qui fait référence en sciences, notamment en médecine, pour établir la validité d’un traitement. Le chercheur commence par sélectionner un échantillon représentatif de sa population et le répartit ensuite aléatoirement entre un groupe recevant le traitement qui l’intéresse et un autre groupe recevant un placebo. Le point important ici est que les individus sont sélectionnés au hasard. Si le test peut être fait en double aveugle (c'est-à-dire ni le patient ni le chercheur ne sait respectivement s'il reçoit ou donne un placebo) c'est encore mieux. On s’assure ainsi que le groupe recevant le premier traitement est similaire à celui recevant l’autre traitement. Si le premier groupe a une meilleure performance, on peut conclure que le traitement fonctionne.

Toutefois, ce type de test n’est pas toujours possible pour des raisons éthiques (imaginer une expérience où l’on demanderait à un groupe de femmes enceintes choisies au hasard de fumer 10 cigarettes par jour et à un autre de s’abstenir, et comparer ensuite la santé de leurs bébés). Le même souci éthique s’applique pour étudier les effets du café, de l’alcool ou encore de la fessée… Lorsque l’on ne peut pas faire d’essais randomisés, on a souvent recours à des études observationnelles.

  1. Les études observationnelles

Il y en a de nombreux types. Certaines études dites prospectives ou longitudinales suivent un groupe sur une période, par exemple des non-fumeurs qui se mettraient à fumer, et regardent ensuite l’impact de ce changement sur leur santé. D’autres études dites rétrospectives demandent aux sujets ce dont ils se souviennent, par exemple s’ils recevaient des fessées ou pas, et vont comparer les deux groupes. Des études dites de cohorte vont comparer directement les groupes, par exemple des fumeurs et des non-fumeurs. Enfin, les études de cas offrent des informations sur l’existence de certains phénomènes ou maladies et des suggestions de causes possibles. Elles offrent en général les réponses les moins fiables sur les questions en lien avec la parentalité.

Les études observationnelles ont pour point commun de ne montrer que des corrélations. Elles doivent donc toutes contrôler statistiquement l’impact que pourraient avoir les autres facteurs différenciant les groupes. C’est très important, car par exemple des parents qui fument (ou qui boivent ou qui donnent la fessée à leurs enfants, etc.) ont tendance à être différents des autres parents sur de nombreux autres aspects qui pourraient tout aussi bien expliquer les différences de santé de leurs bébés (statut socioéconomique, tempérament, niveau d'éducation, etc.). Malheureusement, il est souvent impossible de contrôler tous les facteurs confondants. C’est pourquoi la fiabilité des résultats peut grandement varier d’une étude à l’autre, selon la taille de l’échantillon et le nombre de facteurs considérés.

  1. Les études sur les animaux ou les cultures cellulaires

Beaucoup d’expériences importantes sont réalisées sur des animaux ou des cultures cellulaires avant d’être poursuivies sur les humains. Elles sont importantes pour comprendre certains mécanismes en jeu, mais elles ont aussi leurs limites. Par exemple, si un produit a un effet sur une culture cellulaire ou sur des souris de laboratoire, il n’est pas dit qu’il ait le même effet sur un être humain. Il faut donc faire attention à ne pas généraliser trop rapidement aux humains les résultats de ce type d’étude.

  1. Les études qualitatives

Elles sont utilisées en général pour décrire les perceptions d’un groupe de personnes sur un sujet donné. Elles peuvent s’appuyer sur des questionnaires, des entretiens individuels ou collectifs, ou encore des observations. Comme pour certaines études quantitatives, les résultats sont parfois difficiles à généraliser, car sensiblement dépendants de la population étudiée, du contexte dans lequel les données ont été collectées, ou encore de la façon dont les questions ont été posées.

  • Le type de population étudiée est important

Pour les questions de santé et d’éducation, il peut être important de regarder en particulier celles concernant sa propre culture. En effet, la prévalence de certaines maladies ou l’efficacité de certains traitements peuvent varier grandement d’un pays à l’autre4.

  • Tous les journaux scientifiques ne se valent pas

Certains journaux sont moins sérieux que d’autres dans la vérification et la relecture des articles soumis. Plusieurs sociétés privées ont fondé en quelques années des milliers de revues. Elles ont constitué des comités éditoriaux en inondant de spams des milliers de chercheurs à travers le monde, mais ont souvent une qualité scientifique plus que douteuse. Si vous n’êtes pas sûr de la qualité du journal dans lequel l’étude qui vous intéresse a été publiée, des listes noires sont disponibles sur internet https://beallslist.weebly.com/. Ces revues se font régulièrement épingler lorsqu’elles acceptent de publier des canulars5 ou bien des articles particulièrement biaisés6.

  • Il ne faut pas se fier à tout ce qu’on lit sur internet

Il est difficile de donner des critères fiables ici, mais en général il vaut mieux éviter les sites qui cherchent à nous vendre quelque chose, ceux qui ne citent pas leurs sources ou ceux qui ne citent pas d’articles provenant de revues à comité de lecture. Il est ensuite important de comparer plusieurs sites pour vérifier les points de consensus et les points de controverse.

  • Garder à l’esprit que le risque zéro n’existe pas et la science disponible est probabiliste

Tout comporte un risque. Nourrir son bébé est risqué, par exemple. Il peut s’étouffer, être allergique ou victime d’intoxication alimentaire, mais on sait que les bénéfices compensent largement ces risques. Notre responsabilité parentale, c’est de faire de notre mieux pour minimiser les risques dans notre vie de tous les jours. Il est donc important de s’informer auprès des sources les plus fiables possible, tout en gardant en tête que chaque parent, enfant et situation familiale est unique. En effet, les études scientifiques sont probabilistes c’est-à-dire qu’elles considèrent en général le résultat global pour un groupe de sujets étudiés. Il est donc possible qu’un traitement qui est efficace en général pour apaiser les bébés ne soit pas du tout efficace pour le vôtre. Par exemple, si une mère doit arrêter de prendre un médicament pour allaiter son bébé, il est possible que les bienfaits de l’allaitement ne compensent pas le risque encouru par la mère. Il faut donc toujours veiller à considérer votre situation personnelle et bien peser le pour et le contre avant de suivre les recommandations pour votre bébé, peu importe d’où elles proviennent.

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Pour pallier tous ces aspects, j’ai essayé, pour ce site, de m’appuyer dans la mesure du possible sur les revues de littérature scientifique et les méta-analyses indépendantes les plus récentes possible. Certains sites anglophones m’ont facilité aussi beaucoup la tâche pour défricher un sujet, comme l’excellent parentingscience.com de Gwen Dewar, le très bon podcast « Your Parenting Mojo » de Jen Lumanlan. Certains livres ont également été particulièrement inspirants, notamment Expecting better d’Emily Oster, The Science of Mom d’Alice Callahan et The Informed Parent d’Emily Willingham et Tara Haelle. Si vous avez la chance d’être anglophone, allez y jeter un coup d’œil, ils abordent certains sujets que je ne traite pas ici, parfois avec une autre approche et un autre style d’écriture et de vulgarisation. Enfin, les lecteurs du blog sciencepourparents.fr et les bonnes âmes qui ont bien voulu relire certains articles m’ont parfois signalé des études importantes ou des erreurs qui m’avaient échappé.
Merci encore, n'hésitez pas à me contacter si vous en trouver d'autres !

Références

1          Dunning, David (2011) ‘Chapter five - The Dunning–Kruger Effect: On Being Ignorant of One’s Own Ignorance’, in Olson, J. M. and Zanna, M. P. (eds.), Advances in Experimental Social Psychology, Academic Press, pp. 247–296. [online] Available from: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780123855220000056 (Accessed 19 February 2020)

2          Nickerson, Raymond S. (1998) ‘Confirmation Bias: A Ubiquitous Phenomenon in Many Guises’. Review of General Psychology, 2(2), pp. 175–220.

3          Bes-Rastrollo, Maira, Schulze, Matthias B., Ruiz-Canela, Miguel and Martinez-Gonzalez, Miguel A. (2013) ‘Financial Conflicts of Interest and Reporting Bias Regarding the Association between Sugar-Sweetened Beverages and Weight Gain: A Systematic Review of Systematic Reviews’. PLOS Medicine, 10(12), p. e1001578.

4          Collins, Pamela Y., Patel, Vikram, Joestl, Sarah S., March, Dana, et al. (2011) ‘Grand challenges in global mental health’. Nature, 475(7354), pp. 27–30.

5          Bohannon, John (2013) ‘Who’s Afraid of Peer Review?’ Science, 342(6154), pp. 60–65.

6          Raptor, The Original Skeptical (2017) ‘Another anti-vaccine article – bad journal, bad data’. Skeptical Raptor. [online] Available from: https://www.skepticalraptor.com/skepticalraptorblog.php/another-anti-vaccine-article-bad-journal-bad-data/ (Accessed 26 November 2018)

Date de dernière mise à jour : 26/09/2020